Un changement de direction, et subitement, les méthodes de travail ne conviennent plus

Maria travaille depuis onze ans pour un salon bisannuel. Le rythme est de plus en plus soutenu et elle a l'opportunité de rejoindre une autre équipe en interne, pour un salon de taille plus conséquente, mais qui a lieu une fois tous les 2 ans . Et du jour au lendemain, ses méthodes de travail semblent ne plus convenir.



"J'ai été recrutée par la directrice du marketing du salon qui est malheureusement partie environ trois mois après mon arrivée. Une nouvelle directrice de pôle a été nommée et je me suis alors retrouvée sous sa responsabilité directe." Le premier dossier dont Maria est responsable concerne les statistiques sur le visitorat du salon. Elle prend systématiquement le soin de vérifier minutieusement chaque information qu'elle diffuse. "J'ai toujours travaillé comme ça. On se doit d'être précis quand on manipule des chiffres. Ce sont des informations dont on se sert pour travailler et qu'on diffuse à l'extérieur, et on ne peut pas se permettre d'être dans l'à-peu-près", indique-t-elle. Sauf que sa nouvelle responsable lui demande systématiquement des données "à la louche et dans l'urgence", qu'elle n'est pas en mesure de lui transmettre à la seconde. "Les premiers échanges ayant consisté à me demander des informations que je ne pouvais lui fournir approximativement et de tête, ma nouvelle directrice s'est mise à croire que je faisais de la rétention d'information, ou que j'étais rebelle… ou lente. L'escalade s'est ensuite faite très rapidement."

Maria est aussi chargée de la promotion internationale. Les objectifs avaient été définis avant le départ de son ancienne directrice marketing, mais la nouvelle directrice de pôle souhaite prendre des orientations différentes… et ce plusieurs fois par mois. "Elle me donnait des instructions uniquement au cours de réunions informelles ou entre deux portes. Et quand je demandais confirmation par écrit pour m'assurer que j'avais bien compris, impossible d'obtenir une validation. Les informations changeaient constamment. Quand on doit gérer la coordination de la promotion d'un salon pour 20 pays, ça devient vite très impossible."

Lors des réunions d'équipe où chacun fait le point sur l'avancement de ses dossiers, Maria est souvent dans une position inconfortable. Ses collègues sont sur des projets très opérationnels qui peuvent avancer rapidement, alors qu'elle est sur des missions plus stratégiques qui s'inscrivent dans la durée – sans compter qu'elle doit se réadapter en fonction des revirements permanents de sa directrice qui lui reproche sa lenteur et ses méthodes.
"J'ai commencé à douter de moi, de mes méthodes de travail, de mes qualités professionnelles… J'arrivais le matin au bureau en craignant de nouvelles remarques, me demandant ce qu'elle allait encore pouvoir inventer. Elle alternait les remontrances et les messages rassurants, me faisant des reproches puis me proposant de m'aider si je rencontrais des difficultés." Maria est alors en proie à un très grand stress qui prend forme à travers des symptômes physiques.

Sa directrice finit par lui annonce au cours d'un entretien que si elles ne trouvent pas un terrain d'entente, elle devra se séparer d'elle – sans indiquer précisément si elle compte la licencier. Maria se rapproche alors officieusement d'un représentant du CE pour lui poser des questions et se renseigne sur internet."Je voulais rester discrète, partir vite, et ne surtout pas faire de vagues."
Du jour où elle a fait savoir à sa directrice qu'elle comptait quitter son poste, les relations se sont transformées : "elle est redevenue gentille, ce qui m'a confirmé que je lui avais permis d'atteindre son objectif : elle avait tout fait pour que je parte, et elle y était parvenu".

email

Laisser un commentaire