Des remarques sur la vie personnelle dont on se passerait bien…

Après son école de commerce, Alexandra intègre une société organisatrice d’événements pour un stage de six mois. La responsable marketing et communication est alors en congé maternité et elle est remplacée par une personne en CDD, Alexandra ne la croisera qu’un mois à la fin de son stage. « En si peu de temps, je n’ai pas eu le temps de me rendre compte du loup », confie-t-elle.


Recommandée en interne, elle passe ensuite plusieurs mois dans une autre équipe où ce sera son premier travail salarié. Puis elle est rappelée par la responsable marketing et communication de son ancienne équipe, qui est depuis devenue directrice marketing, et qui recrute deux personnes pour son service. Alexandra revient donc là où elle avait effectué son stage, mais cette fois-ci sous la houlette d’une nouvelle personne aux pratiques de management plutôt détestables.

« J'avais l'impression que tout se passait plutôt bien au départ, même si les conditions étaient difficiles. Je commençais vers 8h du matin pour finir vers 19h ou 20h, j’étais appelée sur mon téléphone portable personnel le soir après les heures de travail, je n’avais pas le droit de poser plus de 5 jours de congés de suite. Puis j’ai dû plusieurs fois annuler des trains le vendredi soir pour rester travailler alors que j’avais prévu de rentrer voir ma famille ; ma chef me faisait culpabiliser quand elle me laissait prendre plus de 5 jours de congés à propos de tout le travail qui aurait pu être fait pendant que j’étais absente… ».

L’ambiance se dégrade pour Alexandra qui met tant bien que mal du cœur à l’ouvrage : « Ma chef trouvait toujours un prétexte pour nous faire subir ses sautes d’humeur : la machine à café est vide au moment où elle veut s’en servir, il n’y a plus de papier dans l’imprimante, tel ou tel prestataire a une demi-journée de retard sur des fichiers à lui transmettre… ».

Les sautes d’humeur qui étaient relatives à des faits extérieurs, s'orientent progressivement sur des détails concernant la vie privée d’Alexandra. Alors qu'elle tente de signaler à sa chef qu’elle est surchargée et qu’elle souffre de fatigue, voilà ce qu'elle lui répond : « Si tu n’es pas heureuse, ce n’est pas à cause du travail. C’est parce que tu es célibataire. Tu n’as pas de mari. C’est à cause de ça que tu es mal dans ta peau et que tu as d'ailleurs perdu beaucoup de poids ». Elle croit rêver.

A l’approche de l’événement pour lequel Alexandra travaille, le rythme est évidemment très intense. Elle est à son poste à des heures indues, pendant que sa chef arrive tranquillement le matin vers 10h30 et repart vers 18h au plus tard – et qui ne se garde pas de lui expliquer que c’est normal d’arriver très tôt et de repartir tard à son âge : "Tu n’as pas d’enfant, donc tu peux consacrer ta vie à ton travail. Si je pouvais, j’aurais le même rythme que toi, mais je dois me caler sur les horaires de la crèche de mon enfant". Le délire est total, et Alexandra est face à une personnalité vraiment perverse : « Je me prenais des soufflantes d’une extrême violence en privé, et pendant les réunions d’équipe, ma chef me mettait en avant et valorisait mon travail. Ce qui fait que quand je parlais de ses agissements et de ses remarques, personne ne comprenait de quoi je me plaignais. J’étais littéralement piégée. »

Au bout de 8 mois, Alexandra ne supporte plus la situation. « Je n’avais pas de repères, c’était l’un de mes premiers emplois. Mais j’ai commencé à répondre à ses attaques. J’ai alerté les RH qui en ont pris note, mais ce n’était pas facile de discuter avec eux car ils sont contraints par un discours officiel étant donnée leur position. Ils préféraient soutenir les directeurs de service et remplacer les juniors. J’ai alors pris rendez-vous avec un délégué syndical et ça m’a été d’une très grande aide ». Elle a enfin pu se confier et reconnaît avoir été entendue. Après moins d’une semaine, la plainte d’Alexandra est abordée en comité d’entreprise. Sa chef n’est d’ailleurs pas inconnue auprès des représentants du personnel, il y a déjà eu des précédents avec d’autres employés. Une consultation RH avec formation au management a été mise en place pour cette directrice marketing… qui aura tout de même fait fuir pas moins de 7 chargés de marketing et communication en 4 ans.

email

Laisser un commentaire